Camille PORTEVIN

Dans le cadre du partenariat entre Prophot et le Lycée Auguste Renoir, le travail de fin d’étude récompensé cette année est celui de Camille Portevin.
La lauréate du prix 2012 a proposé un sujet intitulé « L’intime ». Ce projet autobiographique, relevant du documentaire et du portrait, nous a tout particulièrement séduit parmi les autres projets eux aussi de très grande qualité.
Le prix remis par Prophot récompense chaque année pour son travail un étudiant en fin de formation BTS Photo.

L’intime.

L’intime a une place de choix dans la photographie contemporaine, et pour beaucoup, les
photographies définissent les rituels, gestes et environnements qui fonctionnent comme autant
d’indices de la construction culturelle des liens personnels et du positionnement social. Cela
revient à chercher à déterminer en quoi les gestes et les attitudes des modèles révèlent la nature
de leur identité et de leurs relations. Nan Goldin considère la photographie comme étant le
médium idéal pour conserver des traces de vie, permettant de faire naître une deuxième mémoire.
C’est pour cela que je traite d’un sujet indissociable de mon vécu. Et moi, que puis-je exprimer en
documentant ma vie personnelle et familiale ? C’est en évaluant mon implication émotionnelle que
j’ai choisi de montrer ma famille dans un registre intime. Le point de départ de mon travail a été la
volonté d’exprimer à travers la photographie des relations personnelles et émotionnelles. Ainsi me
suis-je intéressée à mon grand-père maternel, ma mère, ma soeur et à ma propre intimité. C’est à
travers mon regard, mon affect et ma subjectivité propres que je les présente. Ce choix de
personnes détermine qui je suis et indique mon vécu et ma configuration familiale. Ce projet prend
sens autour de l’absence de figure et de famille paternelles.
Mon travail s’organise en quatre séries composées de six photos dont un portrait et des
ambiances. Ces quatre séries ont pour but de montrer l’intimité de mon sujet dans toute sa
dimension subjective et quotidienne. Je me suis également représentée. Ainsi, à la manière de
Jean-Louis Garnell dans son projet Suites Ici-Même, une série sert à décrire une personne. Il
évoque la difficulté de faire des images qui acceptent d’être liées ensemble. Mon but n’étant pas ici
de parler du banal, mais bien de m’intéresser à des détails et ambiances qui suggèrent l’intime.
Dominique Baqué résume le travail de Jean-Louis Garnell en ces termes : « Ici-même, soit ici,
n’importe où, n’importe quand, partout, mais aussi Ailleurs, chez le voisin, chez l’Autre […] Il ne
s’agit ni d’un récit, moins encore d’une histoire à narrer, et pas davantage d’une méticuleuse
collection aux connotations conceptuelles. Rien d’autre qu’une suite d’états, sans aspérités, ni
événement, ni mouvement.
Ici-même invite au silence, tout au plus au chuchotement, au dire minimal. »
Relevant du documentaire et du portrait, mon projet autobiographique pourrait faire l’objet d’une
exposition au sein d’une galerie.

Camille PORTEVIN

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