Interview de Terence Baelen

Peux-tu nous parler de ton projet « ?

Depuis 2018, l’année où j’ai fondé mon entreprise, je me suis spécialisé comme photographe de mariage et de couple. Beaucoup choisissent cette discipline parce que c’est une des plus lucratives. Pour ma part, j’ai choisi la photo de mariage parce que j’aime ça. Pour le moment, c’est ce qui me plaît. J’aime raconter des histoires, et surtout, j’aime l’idée qu’on puisse regarder encore mes photographies dans dix, vingt ou trente ans. Je suis très soucieux du temps qui passe, et créer des photographies, des souvenirs, c’est comme avoir le pouvoir d’arrêter le temps pour s’en souvenir, ou mieux, pour le revivre. De plus, je suis extrêmement curieux. J’aime découvrir constamment de nouvelles choses, de nouvelles idées, de nouvelles cultures, de nouvelles façons de penser et de vivre. Le voyage est donc ma deuxième passion. Alors, je me suis dit pourquoi ne pas fusionner mes deux centres d’intérêt ?

Ainsi, j’ai eu la chance de pouvoir travailler et photographier des couples et des mariages dans de magnifiques endroits, en France, mais aussi ailleurs en Europe et dans le monde. En janvier, juste avant que la crise du Coronavirus explose, j’ai eu la chance de travailler avec des couples au Brésil. Il y a un sentiment incroyable à pouvoir immortaliser une histoire d’amour dans un décor tel que celui d’Ipanema, par exemple.

Actuellement, je suis basé à Reims. Je travaille régulièrement en région Grand-Est, et sur la Côte d’Azur, d’où je suis originaire. Toutefois, je souhaite développer encore davantage le destination wedding, parce que capturer l’amour aux quatre coins du monde procure des sensations incroyables. Et puis, ça fait rêver à la fois mes mariés… et moi-même !

Quel matériel utilises-tu ?

Jusqu’à présent, j’utilisais deux boitiers réflex. Un Canon 5D Mark IV et un 6D Mark II en appareil de secours. Mais les prouesses techniques du nouveau Canon EOS R5, que j’attendais impatiemment, m’ont particulièrement bluffé et j’ai immédiatement dégainé mon téléphone et contacté Prophot pour le pré-commander. Je travaille uniquement avec des focales fixes à grande ouverture.

En règle générale, je tourne sur un mariage avec un 35mm et un 85mm. C’est tout, et ça me suffit largement. J’utilise principalement la lumière naturelle, ce qui m’arrange quand je dois voyager. En revanche, ponctuellement, j’utilise une torche Profoto B10. J’aime ce flash pour deux raisons. D’abord, pour sa compacité, ce qui est très pratique quand on doit se déplacer et prendre l’avion.

Ensuite, pour sa puissance. C’est idéal pour shooter en soirée, apporter une source de lumière supplémentaire lorsque celle ambiante n’est pas satisfaisante, ou donner une dimension plus dramatique à ses photos de couples. C’est tout ce que j’utilise. Ainsi, mon sac à dos est donc assez léger, et cela me convient parfaitement.

Une particularité technique ?

Je souhaite apporter à mes images un côté cinématique. Le contre-jour et la golden hour m’aident beaucoup à obtenir cet aspect très romantique et très visuel. J’aime les halos et les flares. Je voue aussi un culte au grain, qui faisait le charme des anciens films. Ce sont des imperfections qui apportent une dimension particulière et parfois symboliques aux photographies de mariage.

En post-production, j’essaye également d’adopter une colorimétrie proche des couleurs du cinéma. D’ailleurs, ça ne serait que de moi, je rendrai presque tout un reportage en 16:9, pour garder un aspect encore plus « cinéma ».

Mais ce format est bien trop complexe à adapter pour des impressions, des tirages et des encadrements. Et de toute façon, il n’a pas trop de sens sur toute la partie reportage d’un mariage. Il faut aussi se mettre à la place du client, lui faciliter la tâche, et s’adapter un minimum à ses attentes et ses besoins.

Quoiqu’il en soit, mon style visuel évolue très régulièrement. J’ai construit mes propres presets et je ne cesse d’améliorer et de perfectionner. Je les « tweak », les customize sans cesse. Ma palette de couleur est à base de « teal and orange », un duo de couleur complémentaires qui fonctionne très bien, et est d’ailleurs très souvent utilisé sur le grand écran, en particulier dans les superproductions hollywoodiennes.

De plus en plus, je souhaite apporter davantage de soins aux « petits » détails. Les émotions doivent primer avant tout sur la technique, mais je souhaite soigner le plus possible mon posing et mes décors lorsque cela est envisageable sur un mariage. Il y a beaucoup de facteurs à prendre en compte, dont parfois le temps, et il n’est pas toujours possible de réaliser ce que l’on a en tête.

Comment es-tu arrivé à la photographie ?

J’ai toujours été fasciné par les images. Je suis né et j’ai grandi à Cannes. Déjà tout petit, pendant le Festival de Cannes, je me souviens que j’étais en admiration devant les photographes du Festival. Je crois qu’enfant, le matériel m’impressionnait beaucoup ! Assez naturellement, je me suis intéressé aux images de ceux qui possédaient ces gros appareils. Et c’est ainsi que j’ai mis un pied dans la photographie.

À 12 ans je voulais déjà être photographe. J’ai économisé mon argent de poche et à 14 ans j’ai acheté mon tout premier réflex, un Canon 400D. Avoir mon propre appareil reflex, c’était pour moi avoir trouvé le Saint Graal. J’ai un peu délaissé la photo pendant l’adolescence. Pendant une longue période je me suis tourné vers le cinéma.

Je dévorai plus de 250 films par an, des grands classiques de l’âge d’or jusqu’aux films expérimentaux, en passant par les grands blockbusters américains. Petit à petit je me suis formé à la culture de l’image. Je suis revenu progressivement à pratiquer la photographie vers 19 ans et depuis je ne l’ai jamais plus lâché.

En parallèle de la photo, je travaillais comme laborantin. En 2018, j’ai décidé de changer de vie et de lancer mon entreprise. La photographie de mariage est venue assez naturellement. J’aime raconter des histoires, créer des souvenirs. C’est comme si on figeait le temps, c’est assez grisant. Parce que j’aime mon travail et cette discipline de la photographie, j’ai décidé de me spécialiser comme photographe de mariage et de capturer l’amour.

Quels photographes et quels artistes t’inspirent ?

Je n’ai pas une très grande culture photographique. Quand je pense aux photographes qui me fascinent, quelques noms me viennent en tête spontanément. Elliott Erwitt, notamment. Je suis fasciné par le fait que chacune de ses photos dégage une émotion, souvent humoristique. Son regard est à mes yeux fascinant.

En photo, j’aime aussi le travail de Larry Clark. Ses photographies sont parfois difficiles à regarder, dramatiques et terriblement anxiogène. Mais c’est à mes yeux un énorme travail artistique. Plus moderne, j’aime énormément le travail unique et singulier de Théo Gosselin. Ses clichés bourrés d’un sentiment de liberté et d’évasion, parfois aussi mélancoliques et nostalgiques. C’est un photographe dont le travail me parle énormément. Évidemment mon travail est complètement différent. Il n’a même rien à voir, donc on ne peut a priori pas parler « d’inspiration ».

Ceux qui m’influencent viennent plutôt du grand écran. Terrence Malick, par exemple. J’adore la douceur de la photographie de ses films, et sa perpétuelle quête métaphysique. Même si beaucoup trouvent cela redondant, j’aime la poésie qu’il insuffle. C’est quelque chose vers laquelle je souhaite tendre.

Le style esthétique unique de Wes Anderson me fascine aussi. Son usage des couleurs, des cadrages et des décors est juste bluffant. Évidemment, en reportage mariage, on n’a pas la même maîtrise des éléments, mais on peut puiser une part d’inspiration de ce travail, ou du moins de grandes prises de consciences esthétiques. Encore une fois, ce sont des détails que je souhaite améliorer, et travailler sans cesse, jusqu’à obtenir ma propre pleine satisfaction (qui, j’en suis conscient, n’arrivera probablement jamais) !

Pour suivre Terence Baelen :
Web: https://terencebaelen.com/
Instagram : https://www.instagram.com/terencebaelen/

Prophot Écrit par :

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