Interview de Victor bellot

Peux-tu nous parler de ton projet ?

Mon projet depuis ces dernières années est de mettre en avant le patrimoine culinaire français ou étranger et les spécificités des terroirs dans lesquels je me rends. Que ce soit pour des contrats professionnels ou pour des shootings personnels mon but est d’aider la promotion de la belle cuisine, de l’agriculture, des produits et du savoir-faire précieux que nous avons en France et ailleurs dans le monde.

Une photographie de qualité permet de donner envie et met donc efficacement en relation un artisan avec ses potentiels clients. C’est aussi un moyen de créer une mémoire car une photographie reste alors que le plat est par définition éphémère.

L’envie de travailler dans la cuisine a toujours été là ; enfant je m’imaginais chef cuisinier ou maître chocolatier mais les expériences professionnelles que j’ai pu avoir m’ont fait comprendre que je pouvais être plus épanoui et utile en choisissant un métier créatif qui me permettrait de rebondir d’un lieu à un autre. Il faut être gourmand et comprendre le point de vue du chef pour mettre ses plats en valeur de la bonne manière, il faut savoir reconnaître la beauté d’un légume ou d’un fruit pour le prendre en photo convenablement.

C’est cet amour pour les belles choses qui me motive dans mon projet aujourd’hui. Sans l’intelligence de la main, la perfection du geste, le respect de la terre, de l’eau et du temps, nous n’aurions pas ces merveilleux produits et recettes aujourd’hui. Et dans un monde qui va vite et qui essaye de s’affranchir des contraintes naturelles, il est intéressant de mettre en avant ceux qui savent encore respecter et sublimer leur terroir.

Quel matériel utilises-tu ?

Lorsque l’on me pose cette question, cela surprend souvent, mais je ne parle que rarement de mes appareils ou objectifs. Le marché est tellement qualitatif aujourd’hui qu’on ne peut plus se tromper entre les marques et modèles, il faut juste choisir un écosystème qui nous convient naturellement et avec lequel on est à l’aise et efficace. J’ai opté pour la marque Canon parce que j’aime la prise en main, mais aussi la marque Fuji parce que j’apprécie de pouvoir régler l’appareil même lorsqu’il est éteint et sans avoir à passer par les menus.  

En revanche, ce qui est primordial à mon sens, c’est la lumière : sans elle, il n’y pas de belles photos. Pour cela, je fais confiance au matériel Profoto, notamment la gamme B10 et B10+ qui est incroyablement pratique et de bonne qualité. Que ce soit pour aller en France ou dans un pays étranger, ces flashs m’accompagnent car ils me permettent de créer un véritable studio photo dans n’importe quel environnement, dans un restaurant, une étable, un champs ou en pleine montagne.  

Bien sûr, ce qui est indispensable quand on est exigeant et précis en termes de colorimétrie et de développement c’est d’avoir un très bon écran. Pour m’aider dans mon travail, j’ai donc choisi la marque Eizo et notamment la gamme ColorEdge grâce à laquelle je travaille en toute sérénité et avec un confort inégalable.

Une particularité technique ?

Ce qui caractérise mon style c’est une sobriété dans la mise en scène pour mettre le produit ou le plat en valeur et garder toute la préciosité de cet élément unique. Il y a aussi une hiérarchisation de l’éclairage pour garder une sensation de lumière naturelle. 

Ce qui fait aussi la spécificité de mon approche, c’est qu’elle se base sur l’œil qui observe la photographie. Cela semble évident de prime abord, mais si l’on se concentre sur les règles de cadrage ou sur le chemin visuel en établissant des éléments qui bloquent le regard dans l’image, on oublie souvent la psychologie de l’alimentation dans la photographie culinaire.

Le principe de ce travail de mise en scène, c’est de comprendre les mécanismes visuels et de les utiliser dans l’image pour retranscrire au mieux le goût d’un plat et d’un produit. Pour vous donner quelques pistes de réflexion, des études ont montré que certaines couleurs stimulaient l’appétit et d’autres non, que la vision de certaines protéines ou lipides liquides nous donnaient faim (d’où notre fascination pour les photographies de fromage fondu ou de cœur coulant praliné), etc. Les choix de mise en scène vont aussi influencer notre imagination gustative. Une framboise sur fond noir vous semblera acidulée alors qu’une framboise sur fond blanc vous semblera plus sucrée. 

Donc à travers des choix techniques d’éclairage, de cadrage et de couleur, il va être possible d’accompagner le spectateur pour essayer de lui faire ressentir le produit ou le plat tout en respectant la vision du producteur ou du chef.

victor-bellot-photographe-culinaire- La tarte Gianduja par Cyril Lignac et Benoit Couvrand.jpg

Comment es-tu arrivé à la photographie ?

La curiosité m’a très vite motivé à découvrir en permanence de nouvelles choses, elle pousse à la rencontre et au dialogue. C’est un moteur puisque les gens, leurs histoires et savoir faire me passionnent. Lorsque l’on a cette appétence de savoir, la photographie permet d’être stimulé en rencontrant de nouvelles personnes et en découvrant de nouveaux lieux. En plus de cela, j’ai toujours aimé observer les détails de ce qui m’entourait, une lumière qui vient se difracter dans un vase en cristal, les expressions d’un inconnu, la transparence d’un feuilletage, etc. Petit, je passais des heures à regarder des détails dans mon microscope.  

De plus, mon père pratiquait la photographie. Dès que j’en avais l’occasion, je lui empruntais son appareil pour figer sur pellicules ou capteur mes observations, ce qui me permettait de garder en mémoire un instant ou un élément éphémère. C’est en installant et en travaillant avec Photoshop 7.0 que j’ai vraiment développé cette passion. Puis j’ai eu la chance de pouvoir travailler avec Pierre Monetta et c’est grâce à lui que j’ai pu voir la photographie comme une perspective professionnelle.

victor-bellot-photographe-culinaire- Le choux.jpg

Quels photographes et quels artistes t’inspirent ?

Je m’inspire tout particulièrement des photographes de mode ou de paysages car cela permet de découvrir de nouvelles techniques à adapter à mon style de photographie. Le but n’est pas de faire un copier/coller mais plutôt de comprendre les autres manières d’aborder l’éclairage, la retouche ou l’esthétique générale. Il y a tant de photographes inspirants, je ne pourrais pas tous les citer. Pour n’en citer que quelques-uns : Tim Flach pour sa manière de mettre en lumière les spécificités de chaque animal, Harry Gruyaert pour ses ambiances, Jonathan Knowles pour son travail chromatique et sa manière de figer le moment, Ken Hermann pour la théâtralité de ses portraits in situ et Benjamin Henon pour son excellence en matière d’éclairage, de couleur et de créativité.

victor-bellot-photographe-culinaire-  Damien Leroux et Jérémy Cheminade.jpg

Pour suivre Victor Bellot :
Web: https://www.victorbellot.com/
Instagram : https://www.instagram.com/victorbellot_photographie/

Prophot Écrit par :

Un commentaire

  1. Maguy Bellot
    14 avril 2021

    Coucou Victor
    Je viens de lire ton interview; je découvre pleins d’aspects et plusieurs éléments techniques que je ne soupçonnais pas. Me voilà plus savante
    Bonne poursuite dans ton engagement professionnel.
    Je t’embrasse

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